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mercredi, 23 avril 2014

Laurent Ozon: L'oligarchie : la comprendre et la combattre...

L'oligarchie : la comprendre et la combattre...

Vous pouvez découvrir ci-dessous une conférence de Laurent Ozon prononcée début 2014 à Lille, dans le cadre d'un séminaire du mouvement localiste et identitaire Maison commune, et consacrée à la question de l'oligarchie.

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samedi, 14 décembre 2013

Laurent Ozon : «Travailler et militer dans un cadre local écologique et enraciné»

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Laurent Ozon : «Travailler et militer dans un cadre local écologique et enraciné»

Ex: http://www.lerougeetlenoir.org

R&N : Pouvez-vous vous présenter ainsi que l’association Maison Commune dont vous êtes le président ?

Laurent Ozon : J’ai 46 ans, je suis père de quatre enfants, ma famille est originaire de l’ouest des Pyrénées, des Ardennes, du Limousin et de Flandres. Depuis quinze ans, je dirige les entreprises que j’ai créées. Pour le reste, vous trouverez des détails sur mes engagements et responsabilités sur internet ou dans la presse. Maison Commune est un une organisation dont l’activité est l’identification puis la formation de potentiels politiques. Notre but est de mailler, d’influencer, d’aider les jeunes cadres de la périphérie politique sans chercher à les contrôler ni à les coordonner. Nous laissons chaque personne évoluer dans sa sociologie naturelle sans chercher à rassembler artificiellement nos membres autrement qu’à l’occasion de séminaires ou de projets nés de leurs initiatives. Lorsque l’un d’entre-eux à besoin d’aide, nous tentons de le mettre en relation avec ceux qui peuvent l’aider. Nous pensons que le modèle des cellules politiques est obsolète. Nous pensons que le gramcisme est obsolète. Nous préférons le Go aux Échecs [1]... Nous sommes sélectifs et notre fonctionnement n’est pas démocratique. De mon côté, au-delà des activités de Maison Commune, je m’attache à faire connaître mes analyses aussi largement que possible. Je reste un politique et j’aspire à y revenir pour jouer mon rôle au plus vite.

R&N : Acceptez-vous le qualificatif d’« écologiste » ? Que signifie t-il pour vous ?

Laurent Ozon : Je crois connaître le monde de l’écologie dans le détail. Je crois pouvoir dire que c’est la source de mon engagement. L’écologie me passionne mais elle n’est qu’un aspect de mon parcours et de mon histoire.

R&N : Quels sont à vos yeux les enjeux écologiques les plus pressants ?

Laurent Ozon : A la grosse louche : la mise à bas du système financier international reposant sur l’arnaque dollar et les institutions oligarchiques de Bretton-Wood, l’affaiblissement des transnationales irresponsables ; la maîtrise des flux migratoires et la transition énergétique et démographique.

R&N : En quoi le système financier international est-il anti-écologique ?

Laurent Ozon : Parce qu’il est la force la plus déterminante dans l’intensification du saccage du monde et qu’il est le dispositif de pouvoir le plus radicalement contraire à l’avènement de sociétés souveraines, conscientes de leur patrimoine, capables d’actions à long terme, responsables des effets de leurs décisions. Conditions nécessaires mais pas suffisantes, j’en conviens.

R&N : Vers quelle(s) énergie(s) une transition crédible nous amènerait-elle ?

Laurent Ozon : Vaste question là encore. Disons que qu’une bonne énergie est celle qui permet de satisfaire, pour l’essentiel, à quatre objectifs :

1) satisfaire les besoins réels (il faut s’intéresser à ce paramètre et à ce qui permet de les faire diminuer) en puissance et en durée ;
2) assurer l’autonomie et la sécurité de ses approvisionnements énergétiques ;
3) limiter les impacts, risques écologiques et sanitaires (pollutions, attentats, etc.) ;
4) avoir un coût compatible avec les besoins de l’économie.

Toute décision en termes de stratégie énergétique qui laisserait de côté l’un de ces quatre critères ne serait pas pertinente. La question de l’indépendance ne sera donc jamais suffisante.

Nous insistons pour notre part sur la nécessité de privilégier les investissements et les recherches visant à favoriser la relocalisation de la production énergétique, au moins pour ce qui concerne les besoins domestiques. Cette relocalisation sera facteur de stabilité, d’autonomie et moins consommatrice d’infrastructures (toujours fragiles, coûteuses et polluantes).

Pour le reste, le mix énergétique  [2] et les investissements sur les alternatives énergétiques constituent la solution au problème. Il faut diversifier et appliquer des règles d’intérêt public aux choix énergétiques en France sur la base des quatre points cités précédemment. La France a massacré sa filière solaire alors que nous avions un savoir-faire de haut niveau dans ce secteur d’activité. J’ai eu l’occasion de rencontrer les responsables de la filière "solaire" en France et je reste persuadé qu’elle est une alternative sérieuse.

Pour le nucléaire, aujourd’hui, malheureusement, encore indispensable, il faut poursuivre les recherches et en particulier financer le maintien d’un parc sécurisé. Cette énergie est dangereuse. Il faut fermer les centrales situées en zones sismiques et rendre les autorités de sûreté nucléaire indépendantes à l’égard des pressions des politiques et de celles des acteurs économiques de la filière. L’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) n’a qu’une seule mission : la protection des populations. Elle doit pouvoir s’en acquitter de la manière la plus satisfaisante.

Le gaz de schiste est pour le moment dangereux car les techniques d’extraction par fracturation dite « hydraulique » – en fait chimique –, sont polluantes. On constate que face à cette soi-disant « alternative énergétique », les réserves véritables seront de courte durée et si, aujourd’hui, les multinationales du pétrole cherchent à activer l’exploitation dangereuse du schiste, c’est pour deux raisons : 1) augmenter leurs profits ; 2) détendre l’approvisionnement de l’Europe à l’égard de la CEI (Communauté des Etats Indépendants) et le rapprochement quasi-tectonique entre l’Europe et l’Euro-sibérie, dont cette situation est porteuse.

R&N : Quelle place pour les États-nations face à ces enjeux ?

Laurent Ozon : Les États-Nations sont des formes transitoires d’organisation politique. Elles peuvent permettre de faire face à des enjeux à court terme car nous aurons besoin de souder des populations, et les barrières linguistiques constituent le principal frein à la diffusion des « stress collectifs » qui permettent la formation de collectivités actives dans l’histoire. Pour autant, il n’existe pas une seule forme de nation. Je rappelle souvent à mes amis souverainistes que les pays qui font régulièrement leur admiration pour leurs capacités de résilience ou de puissance, la Russie (CEI), la Suisse et l’Allemagne, sont tous trois des États fédéraux. Non des États centralisateurs. Le jeu est ouvert. Ayons un point de vue pragmatique avec nos institutions. Pas de fétichisme organisationnel.

R&N : Que pensez-vous du « réchauffement climatique » ? Est-ce une thèse discutable ou une réalité à prendre en compte politiquement ?

Laurent Ozon : Tout doit pouvoir être discuté. Le doute s’installe lorsque l’on cherche à imposer des stress collectifs autour de problèmes qui semblent échapper à l’action des citoyens politiques pour ne plus regarder que des institutions internationales et des actions de consommateurs. Je crois que nous pouvons dire qu’il y a des présomptions qui nécessiteraient des décisions politiques et qui justifieraient des remises en question des multiplicateurs de la puissance des hommes sur le monde. Je crois qu’il faut poursuivre ces études et pouvoir débattre de leurs résultats. Mais je constate que les médias et certains réseaux de pouvoir se servent de ces questions comme des armes de sidération mentale et de démoralisation politique. Ces campagnes de sidération révèlent bien la façon dont les élites considèrent le corps social, presque du bétail.

R&N : D’où vient selon vous ce que vous avez appelé dans une conférence la « crise relationnelle entre l’homme et la nature ? » Quelle est, ou quelles sont, la ou les cause(s) des destructions écologiques contemporaines ?

Laurent Ozon : Sans faire une généalogie de cette crise, vous pourrez consulter d’autres textes ou conférences pour ce faire, disons que la crise écologique n’est pas simplement une crise de gestion de ressources. Elle révèle la nature des relations que nous avons instauré avec la vie non-humaine sur Terre. Le terme de « ressource » est d’ailleurs en lui-même tout un programme. Quelle est la valeur intrinsèque d’une ressource ? Aucune. La seule valeur d’une « ressource » réside dans son utilité pour celui qui la désigne comme telle. La chosification du monde, la mise en « ressource » du vivant, sont les conséquences d’un changement lent mais profond de notre culture. La crise écologique est l’occasion de dévoiler que nous ne sommes pas simplement confrontés à un problème de gestion de moyens, de gestions de ressources, mais à une crise culturelle profonde dont les prolongements dépassent largement ce qu’il est convenu d’appeler la problématique écologiste. L’homme est devenu une force géologique planétaire et l’Europe a été au cœur de ce processus. Elle a donc produit une partie des anticorps qui permettront de mettre fin à la destruction de la beauté, de la grâce, de la vie libre et sauvage. Les Européens, comme premiers hôtes de la maladie, sont aussi ceux qui portent le remède. Nous portons ainsi le nouveau sens de la Terre en ce que nous pouvons, avec d’autres, fabriquer les anticorps qui permettront de résorber la mise en magasin de la vie. Pour cela il faut exister, pour cela il faut vivre, pour cela, il faudra assumer l’impératif de puissance.

R&N : Êtes-vous, à l’instar de Serge Latouche ou de Paul Ariès, partisan de la décroissance ? Par ailleurs, pensez-vous que cette dernière, qu’on le souhaite ou non, soit inéluctable en raison, notamment, des pénuries énergétiques à venir, découlant du pic de pétrole ou d’uranium ?

Laurent Ozon : Je parle de localisme car je ne trouve pas intéressant ce concept de décroissance. Il est publicitaire et polémique et me semble induire une sorte de linéarité du temps humain qui nous empêche de concevoir qu’il s’agit d’un dépassement, d’une réponse, et non d’une réaction ou d’un retour. Il a pour seul mérite d’interroger un concept central de la machine qui nous détruit : cette idée absurde d’un toujours plus mesurable et souhaitable, sans autre perspective que le trou noir d’une vie privée de sens, d’un monde privé de beauté. La décroissance ne sera pas une anti-croissance. Mais l’antithèse d’un prêt-à-penser sur le monde, sur la nature, sur la vie.

R&N : Toutefois, partagez-vous les analyses qui font des pénuries énergétiques la cause d’un déclin à venir des économies occidentales ? Si oui, comment cela va t-il se concrétiser à vos yeux ? Si non, pourquoi ?

Laurent Ozon : Je pense que les sociétés complexes ont un temps de vie. Que ce temps de vie est limité par leurs ressources, leur modèle énergétique et bien d’autres choses. En ce sens, je ne crois pas au collapse énergétique comme cause d’effondrement direct de notre pays à court terme. Il faudrait un livre entier pour répondre à votre question. Je vous renvoie au livre de Joseph Tainter : L’effondrement des sociétés complexes (2013).

Pour faire simple, disons que notre avenir peut être de deux ordres : écroulement ou translation. Je m’explique. L’Empire romain ne s’est pas effondré à cause des grandes invasions, mais, sur une période de 140 années approximativement, durant lesquelles il a du faire face à la nécessité de faire fonctionner son organisation par sa propre production, sans compter sur de nouvelles conquêtes qui finançaient jusqu’alors le renforcement de sa complexification (administration, réseau routier, etc.) Lorsqu’il n’a pu continuer à financer sa complexification par de nouvelles conquêtes, il a du augmenter sa pression fiscale pour maintenir le même niveau d’organisation et assurer la sécurité des territoires vastes à complexifier. Plus la pression était forte et l’hétérogénéité de population importante, plus il a du faire face à des comportements asociaux et à une dégradation du civisme. Pour la compenser, il a dû renforcer son appareil administratif, son armée, etc.

Le transfert de la communauté de proximité à l’État puis de l’État au marché, est une tendance lourde de nos sociétés actuelles. Lorsque les charges et taxes augmentent et que l’État, en contrepartie, ne peut plus fournir le même niveau de prestation, l’incivilité augmente aussi et donc les coûts de fonctionnement de l’État en sont encore augmentés, ce qui rétroagit sur tout le reste : maîtrise des frontières, lutte contre le crime organisé, délinquance, efforts pour échapper à l’impôt, baisse du niveau de l’enseignement, dégradation des compétences, et j’en passe. La complexité d’une société se mesure, pour faire simple, à la différenciation/spécialisation horizontale et à la hiérarchisation verticale.

En clair, une société complexe (comme la nôtre) est déjà largement engagée dans ce processus. Elle se désintégrera dans l’anarchie, la violence et l’incompétence sous le poids des révoltes sociales, fiscales, ethnico-religieuses ou sanitaires. Il y aura bien sûr des évènements déclencheurs ; mais ils ne seront que des révélateurs non des causes suffisantes et nécessaires.

L’alternative c’est la translation, c’est à dire la reconstruction d’un ordre économico-politique plus durable qui permettra de donner, sur des bases d’organisation renouvelées, des solutions à ce que nous ne pouvons plus résoudre dans celui-ci. Il y a eu de nombreux exemples de translations politiques dans le passé de l’Europe. Nous en vivrons d’autres. Le plus important n’est pas là.

R&N : Que répondez-vous à ceux qui, de bonne foi, craignent de voir dans le localisme une tendance utile à la bureaucratie bruxelloise pour affaiblir les nations ?

Laurent Ozon : C’est un discours classique des souverainistes qui pensent vraiment que toute décentralisation des pouvoirs est un abandon de puissance organisé par les adversaires de la France. Je ne dis pas que ce calcul-là n’existe pas, mais il faut relativiser cette analyse. Les États les plus souverains ou puissants ne sont pas les plus centralisés, les plus républicains et les plus jacobins. J’évoquais précédemment la Suisse, l’Allemagne ou la Russie. La France peut engager sa décentralisation autrement qu’en transférant les tares de ses élites nationales et les dysfonctionnements de ses institutions nationales à l’échelon régional, départemental ou local. Les diplodocus s’inquiètent mais le localisme n’est absolument pas incompatible avec l’existence d’un État souverain et puissant, au contraire. Il est un facteur de densification territoriale, culturelle, économique et de stabilité. Il sera l’une des clés de notre reconquête de souveraineté, pour peu qu’on n’oublie pas que la souveraineté n’est pas seulement une affaire nationale mais doit se penser de la famille à l’État. Il n’est pas raisonnable, et fort peu « souverainiste », de ne dépendre que de nœuds de productions d’énergies centralisés, d’infrastructures d’approvisionnement fragiles, de bassins céréaliers dédiés aux monocultures, de denrées dont l’approvisionnement ne repose que sur les échanges internationaux, de composants électroniques importés, et j’en passe.

L’intérêt général est aujourd’hui de donner à chaque peuple les moyens de subvenir à une part importante de ses besoins, en particulier ce qui relève de l’économie de subsistance, par ses propres moyens et de reconquérir ainsi sa souveraineté. Seule notre capacité à satisfaire nos besoins vitaux pourra conjurer les explosions de violences qui ne manqueront pas d’arriver si la situation devait continuer à se dégrader.
 
J’estime qu’une politique de relocalisation est inévitable à terme et qu’elle serait, si les politiques voulaient bien sortir de leur autisme, la seule option réaliste à suivre pour anticiper les déstabilisations sociales, économiques et identitaires à venir. Cette politique localiste sera un complément utile à un néo-protectionnisme dont je perçois mieux l’efficacité au niveau européen. La France peut créer l’électrochoc en Europe. C’est aussi dans ce cadre là que nous devons agir. Nos outils sont locaux, régionaux, nationaux.

R&N : Quelles sont, de nos jours, les forces réellement « écologistes » à vos yeux ?

Laurent Ozon : Toutes celles qui poursuivent les objectifs précédemment évoqués. Tous ceux qui cherchent à renverser l’oligarchie de l’argent, la mafiacratie des transnationales et à soutenir les alternatives économiques, énergétiques, technologiques, etc. Tous ceux qui luttent contre la souffrance animale, tous ceux qui luttent pour protéger les paysages, tous ceux qui cherchent à satisfaire leurs besoins autours d’eux et à servir leur environnement proche.

R&N : Dans ces conditions, le Front National est-il une force « écologiste » ? Plus largement, quelles sont les propositions ou initiatives politiques, émanant de partis ou d’autres structures, en France ou ailleurs, qui vous semblent utiles ?

Laurent Ozon : Le Front National est indispensable pour déstabiliser le système politique et faire avancer les thèmes de souveraineté et d’arrêt des flux migratoires dans la vie politique française. Pour le reste, il faut une force politique d’un nouveau genre aux français. Une force qui ne devra pas contrarier les épuisantes activités du FN, au moins jusqu’à 2017 mais qui avancera des propositions et une organisation crédible. Il faudra vite ouvrir les fenêtres. L’air devient irrespirable.

R&N : Ne pensez-vous pas que la sémantique de « droits des animaux » est une erreur de marketing politique portant préjudice à la cause de la défense animale ? Ne faut-il pas plutôt, tout simplement, défendre un principe de compassion envers les plus faibles ?

Laurent Ozon : Vaste question. Dans une société hyper-normative, certains ont pensé que c’était la meilleure façon de faire avancer ce combat. Je partage vos réserves sans oublier que le résultat reste le plus important. Pour défendre les animaux, il y a de nombreuses choses concrètes à faire. La première et la plus simple : ne plus acheter de produits industriels ou testés sur les animaux.

R&N : Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui voudrait mettre sa vie quotidienne en cohérence, dans la mesure du possible, avec une prise de conscience écologique ? Peut-être pouvez-vous nous donner quelques exemples personnels ?

Laurent Ozon : En six points :
1) travailler et militer dans un cadre local écologique et enraciné ;
2) rester en bonne santé mentale et physique ;
3) ne pas s’isoler ;
4) s’assurer d’être capable de maintenir son autonomie et sa sécurité ;
5) faire des enfants ;
6) être un vecteur d’informations alternatives et argumentées.

R&N : Y a t-il des livres et/ou des auteurs phares que vous conseilleriez ?

Laurent Ozon : Ne lisez pas trop, vivez, parlez, sentez, battez-vous. Tout est déjà en vous. Les livres ne vous apporteront pas ce qui vous manque. Éveillez par l’exemple plutôt que de chercher à convaincre par les mots en ayant toujours à l’esprit cette phrase de Nietzsche : « Là où il n’y a plus rien à aimer, passe ton chemin ».


[1Voir à ce sujet : http://lorl.free.fr/gosoc.htm

[2« Le terme de mix énergétique (ou bouquet énergétique) désigne la répartition, au sein d’une zone géographique donnée, de la consommation des diverses sources d’énergie (pétrole brut, gaz naturel, charbon, énergie d’origine nucléaire et toutes les nombreuses énergies renouvelables). » (source : planete-energies.com)


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jeudi, 21 novembre 2013

Pro-Russia-TV rencontre Laurent Ozon

Pro-Russia-TV rencontre

Laurent Ozon

("Maison Commune")

mercredi, 13 novembre 2013

Paris, Colloque de “Maison Commune” - Interventiosn de L. Ozon et R. Steuckers

Intervention de Laurent Ozon

Le "mariage pour tous" est une guerre de quatrième dimension

Paris, Colloque de “Maison Commune”

28 septembre 2013

Intervention de Robert Steuckers

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

Quand le mystérieux “Enyo”, qui tire son pseudonyme de la déesse grecque des batailles, publiait son livre intitulé “Anatomie d’un désastre” en mars 2009 (1), il entendait stigmatiser l’incohérence d’une politique occidentale, euro-américaine, face à ce “rimland” islamisé du grand-continent eurasiatique, à cette frange littorale, océanique mais très souvent de grande profondeur continentale, qui s’étend du Maroc à l’Indonésie. Les “printemps arabes” n’avaient pas encore eu lieu ni la destruction de la Libye. A l’heure actuelle, le désastre est encore plus profond. Il affecte directement notre plus proche périphérie méditerranéenne, les tragédies récurrentes de Lampedusa et d’ailleurs l’attestent. Les Etats-Unis s’en fichent: le fossé atlantique les sépare du chaos qu’ils ont délibérément créé à nos portes, en Tunisie, en Libye, en Egypte et en Syrie.

Instruments de l’hegemon dans sa volonté de créer ce désordre permanent, les fanatiques religieux participent allègrement à la genèse de ce chaos car ils refusent la complexité et les contradictions du monde. Ils ne cherchent pas à les harmoniser, à générer une féconde “coïncidentia oppositorum” (2). Quand on parle aujourd’hui de fanatisme religieux, on pense immédiatement au salafisme ou au wahhabisme. Et on oublie la tout aussi virulente “théologie puritaine” qui sous-tend le fanatisme américain, né aux 16ème et 17ème siècles d’un refus du Vieux Monde européen, de ses synthèses, de sa nostalgie féconde de l’antiquité grecque. L’histoire de ce refus, les travers d’un fanatisme protestant ont été maintes fois esquissés (3). Plus fréquemment toutefois, on a zappé, oublié, la transformation de ce fanatisme en un “rationalisme” intransigeant qui veut tout autant faire du passé table rase (4). Les “Lumières” américaines, françaises et mitteleuropéennes, voire celtiques (irlandaises, galloises et écossaises), n’ont pas le même arrière-plan culturel, alors qu’elles ont toutes, à titres divers, contribué à façonner les sociétés occidentales modernes: les unes ont inventé un rationalisme éradicateur comme le puritanisme ou le jansénisme avaient été des purismes délirants en marge des continuités historiques anglaises ou françaises (5); les autres ont mis le rationalisme au service d’un retour à des racines, jugées plus libertaires ou mieux inscrites dans leur histoire nationale (6), permettant de la sorte l’éclosion de syncrétismes fructueux. Aujourd’hui, nous faisons face à l’alliance calamiteuse de deux fanatismes religieux: le wahhabisme, visibilisé par les médias, chargé de tous les péchés, et le puritanisme américain, camouflé derrière une façade “rationnelle” et “économiste” et campé comme matrice de la “démocratie” et de toute “bonne gouvernance”.

Mais que nous ayons affaire à un fanatisme salafiste ou hanbaliste (7) qui rejette toutes les synthèses fécondes, génératrices et façonneuses d’empires, qu’elles soient byzantino-islamiques ou irano-islamisées ou qu’elles se présentent sous les formes multiples de pouvoir militaire équilibrant dans les pays musulmans (8), ou que nous ayons affaire à un fanatisme puritain rationalisé qui entend semer le désordre dans tous les Etats de la planète, que ces Etats soient ennemis ou alliés, parce que ces Etats soumis à subversion ne procèdent pas de la même matrice mentale que lui, nous constatons que toutes nos propres traditions européennes dans leurs facettes aristotéliciennes, aristotélo-thomistes, renaissancistes ou pagano-renaissancistes, sont considérées par ces fanatismes contemporains d’au-delà de l’Atlantique ou d’au-delà de la Méditerranée comme des émanations du Mal, comme des filons culturels à éradiquer pour retrouver une très hypothétique pureté, incarnée jadis par les pèlerins du “Mayflower” ou par les naturels de l’Arabie du 8ème siècle (9).

Les fanatismes rationalisés de l’hegemon américain bénéficient de complicités, de relais, au sein même de notre “Maison Commune” européenne, que ce soit dans les milieux médiatiques ou dans les milieux économiques ou encore dans les établissements d’enseignement, les héritiers de ceux dont Nietzsche doutait déjà de la pertinence. Ces complicités peuvent prendre le masque du gauchisme échevelé ou du technocratisme néo-libéral, selon la seule alternance binaire qui, finalement, est encore tolérée —gauche/droite, libéralisme/sociale-démocratie— par les médias contrôlants et surveillants qui nous vendent cette alternance monotone, génératrice d’oligarchies inamovibles, comme unique “bonne gouvernance”. Ces complicités se nichent dans ces trois milieux-clefs —médias, économie, enseignement— et participent à l’élimination graduelle mais certaine des assises idéologiques (au sens dumézilien du terme), des fondements spirituels et éthiques de notre civilisation. Les uns oblitèrent les résidus désormais épars de ces fondements en diffusant une culture de variétés sans profondeur aucune (10), les autres en décentrant l’économie et en l’éclatant littéralement par les pratiques de la spéculation et de la délocalisation (11), les troisièmes, en refusant l’idéal pédagogique de la transmission (12), laquelle est désormais interprétée comme une pratique anachronique et autoritaire, ce qu’elle n’est certainement pas au sens péjoratif que ces termes ont acquis dans le sillage de Mai 68 (13).

Pourtant ce n’est pas un philosophe considéré aujourd’hui comme “autoritaire”, au sens où l’entend l’Ecole de Francfort, qui a, le premier, énoncé l’idée d’une émergence de valeurs fondatrices lors d’une “période axiale” de l’histoire. Ce philosophe est le brave existentialiste protestant Karl Jaspers, qui n’a eu aucune tentation totalitaire entre 1920 et 1945 (14). Pour Jaspers, entre 600 et 450 avant l’ère chrétienne, les idées fondatrices des grandes civilisations ont émergé dans l’histoire, pour se perpétuer jusqu’aux débuts de l’ère contemporaine. L’archéologie, l’exploration des époques dites proto-historiques ont permis de cerner avec davantage de précision ce qu’étaient les cultures humaines génératrices de cette émergence de valeurs, jugées indépassables jusqu’à l’avènement d’une certaine modernité —mais pas de toutes les modernités, de toutes les “Lumières”. Certaines “Lumières” insistent sur les racines et ne retiennent pas l’idée d’une “table rase” (15), comme étape nécessaire de l’histoire, avant l’avènement d’une très hypothétique ère définitive de bonheur et d’harmonie. Karen Armstrong, dans “The Grand Transformation” (16) poursuit la quête de Jaspers et précise ce qu’ont été ces périodes axiales, en s’appuyant sur toutes les sciences archéologiques, ethnologiques et anthropologiques contemporaines. La Grèce, l’Inde védique et l’Iran avestique, la Chine, le monde hébraïque ont tous connu leur “période axiale”; sauf pour l’Europe, héritière de la Grèce et de Rome, ces valeurs nées à la “période axiale” connaissent encore et toujours des avatars actuels. L’Inde et la Chine, puissances émergentes du BRICS, doivent à ces valeurs leur solidité et surtout leur sortie hors des marasmes dus au colonialisme britannique (17) ou à une longue période de ressac particulièrement calamiteuse au 19ème siècle (18).

Pour résumer l’effacement des valeurs classiques en Europe, disons que l’Aufklärung, avec sa tradition révolutionnaire, que la sclérose des études classiques où l’on ne percevait plus le caractère dynamique et dionysiaque de l’hellénité pour n’en retenir qu’une caricature figée d’apollinisme, ensuite, l’engouement techniciste et, enfin, le choc du soixante-huitardisme fabriqué dans les officines de la subversion aux Etats-Unis (19), ont jeté aux orties les valeurs issues de la “période axiale”, posée en hypothèse par Jaspers et explorée à fond par Karen Armstrong au cours de la première décennie du 21ème siècle.

Le rejet définitif de l’enseignement du grec et du latin puis l’imposition de la “correction politique” par les médias et les nouveaux pédagogues ont scellé notre destin: nous avons rejeté nos valeurs ancestrales, nous avons abandonné l’esprit renaissanciste, comme le reprochait Julien Freund à l’Europe de la seconde moitié du 20ème siècle (20). Cet abandon conduit à l’impolitisme (21) car une civilisation qui ne s’aime plus et ne veut plus reproduire son “mos majorum” entre irrémédiablement en déclin. Que l’on soit un décisionnare quiritaire à la mode caudilliste des années 30 ou un démocrate non amnésique qui se souvient du bon fonctionnement des “res publicae” romaines, on sait que la démocratie acclamative ou représentative a besoin des sciences humaines, ou plus exactement des traditions spirituelles, du “mos majorum”, comme le démontre la philosophe américaine Martha Nussbaum, professeur à Chicago, professeur honoris causa à Utrecht et à Louvain (KUL). Martha Nussbaum respecte le vocabulaire usuel qu’admet encore la “correction politique”; elle se soustrait ainsi à toute critique voire à tout lynchage médiatique. Dans son ouvrage largement diffusé en Flandre et aux Pays-Bas (“Niet voor de winst – Waarom de democratie de geesteswetenschappen nodig heeft”) (22), Martha Nussbaum dénonce la crise qui a secoué l’enseignement de fond en comble au cours de ces quatre dernières décennies: l’art grec d’observer le monde tel qu’il est, d’en comprendre les flux et les mécanismes, l’art critique au sens premier et positif du terme, l’art critique qui forme le “zoon politikon” (plutôt que le terme aujourd’hui galvaudé de “citoyen”) a complètement disparu sous les coups de butoir d’un économisme utilitariste qui ne vise plus qu’à former sans trop d’effort, sans aucune profondeur, des êtres appelés seulement à consommer ou à faire fonctionner des rouages abstraits et contrôlants donc liberticides. Cet utilitarisme-consumérisme s’est accompagné d’un discours anti-autoritaire, tablant sur une acception falsifiée et subversive de l’art grec de la critique (23). L’autorité, qui n’est pas définissable a priori comme pouvoir absolu, a été battue en brèche, posée comme intrinsèquement perverse, dangereuse et, bien sûr, “fasciste” selon les thèses boîteuses d’Adorno (24). Derrière ce discours anti-autoritaire propagé dans le sillage de Mai 68, des pouvoirs bien plus lourds s’installaient, beaucoup plus difficilement contournables: ceux de l’argent et de la sophistique médiatique.

Les pratiques pédagogiques anti-traditionnelles, des-hellénisées, déconnectées des valeurs instaurées lors de la période axiale de notre histoire, se sont penchées exclusivement sur des “compétences” soi-disant “utiles” à l’exercice d’un “boulot à la con”, d’un “bullshit job” pour homme unidimensionnel (25). Résultat: la capacité d’empathie pour autrui, ou pour toute altérité collective, s’évanouit, que ce soit l’empathie pour le concitoyen proche ou pour le ressortissant d’un espace géoculturel lointain travaillé par d’autres valeurs nées lors d’une autre période axiale de l’histoire dans une autre aire géographique. Sous les coups de ce discours soi-disant anti-autoritaire et de cette déplorable praxis pédagogique utilitariste, la capacité des Européens à comprendre à fond les grandes dynamiques à l’oeuvre sur l’échiquier géopolitique planétaire est réduite à néant: les quelques voix qui proposent aujourd’hui une vision réalitaire, historique et alternative sur les conflits qui ravagent le rimland de Tunis à Rawalpindi, sont autant de “voces clamantes in deserto”. Le discours médiatique, profitant des arasements produits par le bricolage philosophique anti-autoritaire d’Adorno et profitant des ravages commis par les pédagogues utilitaristes, impose sa seule et unique vision, empêchant les décisionnaires politiques de faire les bons choix, des choix forcément différents de ceux de l’hegemon, pour le Bien Commun de notre Maison Commune européenne. Quand Martha Nussbaum déplore la perte catastrophique des capacités qu’offrait l’art critique grec, déduit des valeurs de la période axiale de l’histoire hellénique, elle ajoute que c’est une menace pour la “démocratie”. C’est là un langage américain: nous dirions plutôt une menace pour la “Cité”, vocable plus classique, soit une Cité qui, pour moi, n’est démocratie qu’aux seuls modes helvétique ou scandinave (26) quand tout va bien, qui use toutefois de l’autorité quand le danger pointe à l’horizon. Les autres acceptions de la “démocratie” ne sont en rien démocratiques, façon vieille-hellénique, ne sont rien d’autre qu’un écran de fumée pour camoufler des dictatures non personnelles masquées, des dictatures “oligarchisées” (Robert Michels), qui confisquent la parole aux peuples.

Pour Martha Nussbaum, comme d’ailleurs pour d’autres observateurs du désastre actuel, tels les psychiatres et neurologues De Wachter en Flandre (27) et Spitzer en Allemagne (28), l’impératif majeur aujourd’hui est de revaloriser les matières scolaires, les disciplines non utilitaires, toutes avatars des valeurs de la période axiale. Elles seules peuvent ressusciter le “zoon politikon”, donc rétablir le politique après avoir balayé les facteurs et les fauteurs d’impolitisme ou, pire, de basculement dans des formes nouvelles de pathologie mentale collective (De Wachter).

Plusieurs études, qui étayent désormais les soupçons épars émis par des voix clamant généralement dans le désert, ont démontré que l’OSS américaine avait organisé délibérément cette catamorphose européenne, dès le réveil de l’Allemagne avec le miracle économique et dès le réveil de la France gaullienne d’après 1963. C’est là un thème à explorer impérativement en séminaire dans nos cercles respectifs: cela aurait pour but de comprendre la généalogie de notre misère et de saisir les mécanismes et les travestissements de la véritable subversion qui a provoqué et entretenu notre déréliction systématique.

L’objectif de Washington, et c’est normal pour tout hegemon, est de diviser pour régner, ou, avec la logique dérivée d’une bonne lecture de Sun Tzu, de faire imploser toute politie étrangère, ennemie ou alliée, pour qu’elle perde toute “épine dorsale” (Ortega y Gasset) (29) ou toute autonomie politique. L’objectif, plus concrètement dans le cas européen, a été de rendre inopérant le tandem franco-allemand de 1963, de réduire le marché Commun puis l’UE au nanisme politique, d’empêcher toute coopération énergétique entre l’Allemagne et la Russie, que celle-ci ait été soviétique ou soit désormais dé-soviétisée, entre le binôme franco-allemand et l’Iran, que celui-ci ait été impérial ou soit désormais islamo-révolutionnaire.

L’Europe dans un tel contexte et face à cette stratégie efficace et triomphante (jusqu’ici) a dû renoncer à la force et se contenter d’appliquer scrupuleusement la norme, comme le démontre le politologue Zaki Laïdi (30). L’Europe, pour Laïdi, c’est donc “la norme sans la force”, dans un environnement global où Américains, Russes, Indiens et Chinois affirment clairement leur souveraineté nationale, plutôt leur souveraineté subcontinentale ou civilisationnelle. Les Européens refusent la Realpolitik. Les autres l’acceptent et la pratiquent. Pourquoi? Quelle est la genèse de cette situation? D’emblée, dès 1951 et 1957, les Européens ont cherché à dévitaliser les souverainetés nationales pour éviter qu’elles ne provoquent encore des guerres désastreuses. Bonne idée, en principe, mais la souveraineté continentale n’a pas suivie: elle a été rejeté au même titre que toute souveraineté nationale, nous plongeant tous dans un no man’s land impolitique parce qu’incapable de poser une décision suivie d’effets concrets. Pour parvenir à ce rejet complet, les Européens —je devrais dire les “eurocrates”— ont inventé un “modèle coopératif stable”, circonvenant, par un jeu de normes contraignantes, la souveraineté des Etats. Celle-ci ne se laisse toutefois pas escamoter aussi vite.

En effet, cette pratique molle, impolitique, castratrice d’énergies vitales a conduit à des divergences rédhibitoires au sein de cette Europe qui reste malgré tout plurielle voire disparate: la France et la Grande-Bretagne demeurent encore très statocentriques, c’est-à-dire revendiquent encore une certaine souveraineté nationale, parfois marquée de quelque grandiloquence, toujours un peu hostile à la Commission, mais seulement quand ces pauvres velléités souverainistes arrangent l’hegemon, comme dans l’affaire libyenne de 2011, où les Etats-Unis n’avaient nulle envie de budgétiser une intervention coûteuse, suite aux ratés d’Afghanistan et d’Irak. L’Allemagne, vaincue en 1945, travaillée au corps par la réactualisation permanente de toutes les initiatives subversives de l’OSS, est l’Etat le plus puissant économiquement parlant de notre sous-continent, mais il est celui qui, officiellement, est le plus éloigné de la Realpolitik traditionnelle des Etats-Nations, tout en revendiquant un siège au Conseil de sécurité de l’ONU (ce qui peut paraître contradictoire) et en menant une politique énergétique tournée vers la Russie sous l’impulsion de ses deux derniers chanceliers socialistes, Helmut Schmidt et Gerhard Schroeder (31). L’UE ne présente donc pas, face au reste du monde, face à des puissances comme l’Inde ou la Chine, un modèle unitaire cohérent, en dépit de ce fétichisme habermassien de la norme (32), que tous les eurocrates partagent officiellement mais qui n’est que l’instrument d’une dissolution de toute souveraineté, qu’elle soit nationale ou supranationale, au sein d’une Europe dont on voudrait qu’elle n’affirme jamais plus la moindre souveraineté continentale. Tel est le sens du discours que l’ex-“Krawallo” gauchiste puis politicien pseudo-écologiste Joschka Fischer, devenu ministre des affaires étrangères de la RFA, avait prononcé en 2000 à la veille de l’introduction de l’euro. L’Allemagne, dans ce discours de Fischer, se déclarait prête à se dissoudre dans l’ensemble européen “normo-centré” et pacifique et appelait ses partenaires européens à en faire autant.

Face à cette volonté de renoncer à toute Realpolitik et à toute forme de souveraineté affirmatrice, les Etats-Unis de Bush II, par la voix du néo-conservateur Robert Kagan (33), réaffirmaient leur position hobbesienne, celle d’être sur l’échiquier global, un LEVIATHAN hégémonique capable d’inspirer la terreur (“awe”) au monde, qui, soumis par la peur, devait, ipso facto, s’aligner sur les ordres donnés par Washington, faute de quoi, il subirait les foudres du Leviathan surarmé. Si l’option normative de l’Europe a donné jusqu’ici au nanisme politique européen le bien-être matériel et la puissance économique et a conservé pour les citoyens de l’Union un système de sécurité sociale inégalé ailleurs dans le monde, une question angoissante se pose désormais, au vu de la crise grecque, espagnole et portugaise, au vu de la fragilité de la France, de l’Irlande et de la Belgique, au vu de la bulle spéculative immobilière qui menace le triple AAA des Pays-Bas; cette question, pour Laïdi, est la suivante: l’Europe a-t-elle les moyens de défendre son modèle social, culturel et environnemental dans un monde globalisé, qui plus est, dérégulé par le néo-libéralisme, par les délocalisations, un monde toujours changeant où ne se renforcent que les seules puissances qui pratiquent souverainement une forme ou une autre de néo-colbertisme? A long terme, bien évidemment, la réponse est négative!

La norme, censée gommer les conflits inter-étatiques intérieurs et générer un vaste consensus social sur base du modèle bismarckien et social-démocrate de sécurité sociale, va subitement apparaître comme un facteur de contrainte ne permettant plus aucune innovation, plus aucune audace politique, plus aucune tentative de déblocage. Ida Magli, anthropologue et essayiste italienne, chroniqueuse au quotidien de centre-gauche “La Repubblica”, professeur à l’Université de Rome, constate avec amertume et avec colère que, depuis 2007, toutes les promesses de l’UE, de faire advenir inexorablement, par la “bonne politique normative”, une Europe juste, se sont évanouies (34). Cet évanouissement a transformé la bonne politique habermassienne, néo-kantienne, en une politique non plus démocratique, idéalement démocratique, mais en une politique censurante et camouflante, où l’on occulte le désastre aux citoyens, parce qu’on ne veut pas avouer l’échec patent des machineries politiques libérales, démocrates-chrétiennes et socialistes, qui donnent le ton à Bruxelles et à Strasbourg. Pour Ida Magli, partisane des souverainetés nationales et avocate d’une revalorisation de la souveraineté nationale italienne, l’UE a démontré son inutilité puisqu’elle n’a pas réussi à éviter la crise (de l’automne 2008) et ses effets déliquescents. Evacué graduellement de l’horizon européen, le monde (im)politique officiel, à tous les échelons, se tait face au putsch des banquiers et des économistes. Ce monde (im)politique est désormais le “Grand Muet” sur les planches du théâtre continental. A court ou moyen terme, il n’y a pas, il n’y aura pas, de triomphe démocratique pour le “zoon politikon” comme l’espèrent encore les lecteurs de Martha Nussbaum: au contraire, nous assistons au triomphe d’une fausse démocratie qui bétonne le gouvernement de quelques oligarques et des banquiers de la BCE (Banque Centrale Européenne).

Ce processus involutif a démarré le 2 mai 1998, lorsque l’on a décidé de créer l’Union Monétaire Européenne, prélude à l’introduction de l’euro. Ida Magli n’y voit pas seulement l’amorce d’une fragilisation de l’Europe, sous la férule d’une monnaie unique, non appuyée sur des éléments économiques concrets, qui auraient été également répartis au sein de tous les Etats européens. Cette disparité implique des transferts Nord-Sud, empêchant notamment de consacrer des budgets à une défense commune ou à une politique souveraine de présence satellitaire dans l’espace circumterrestre. Cette disparité permet aussi l’usage d’une arme bien particulière tirée de la panoplie des “guerres de quatrième dimension”: la spéculation contre les Etats fragiles. On n’a pas hésité à l’utiliser contre la Grèce ou contre l’Espagne dans le but avéré de nuire à l’Europe toute entière et à sa monnaie commune. La politique normativiste et anti-souverainiste a donc conduit à la lente mais inexorable désintégration de l’ensemble européen, dont les responsables politiques sont inféodés aux idéologies et aux partis dominants, désormais faillis et bien faillis. Cette désintégration a lieu au moment où s’affirment justement les ensembles continentaux et civilisationnels qui n’ont nullement renoncé à exercer leur souveraineté. L’Europe de la norme n’est donc pas prête à affronter les aléas du 21ème siècle. Qui pis est, des sondages effectués en mars 2013 par le “PEW Research Global Attitudes Projet” a montré que les Européens ont désormais perdu toute confiance en l’UE, en ses dirigeants aux niveaux national et européen. Au lieu d’être centripète, la politique normativiste menée jusqu’ici, s’avère bel et bien centrifuge: nous allons tous perdre du poids politique dans les décennies à venir, au profit de ceux qui n’ont renoncé ni au politique ni à la souverainté, conclut notre ami espagnol Eduardo Arroyo (35). Cette analyse pessimiste d’un européiste convaincu, animé par la pensée d’Ortega y Gasset, est corroborée par celle de l’Allemand Willy Wimmer (36), ancien secrétaire d’Etat à la défense de la RFA et membre de la CDU, parti pourtant en faveur de l’alliance atlantique inféodée aux Etats-Unis. Les révélations de Snowden ont eu pour effet d’arracher à l’Occident atlantiste, c’est-à-dire à la nouvelle entité américano-centrée depuis 1945, à l’américanosphère, le beau rôle qu’elle s’était toujours donné: celui d’être le réceptacle et l’exportatrice de l’idéal de liberté et des droits de l’homme. Ce sont la Chine et la Russie qui ont protégé Snowden, protégé son droit à la dissidence, rappelle Wimmer. Derrière le masque “démocratique”, affiché par les Etats-Unis et Obama, se profilait la rage de tout contrôler par le truchement de la NSA. Pire: les révélations de Snowden montrent clairement désormais que, depuis la Doctrine Clinton, les “alliés” n’étaient pas vraiment considérés comme tels mais, plus prosaïquement, comme des “alien audiences” qu’il convenait de surveiller et d’espionner, et surtout, au sein de ces “alien audiences”, les entreprises appartenant aux secteurs que l’économie américaine jugeait prépondérants (ou stratégiques).

Wimmer, membre de la CDU pro-occidentale, constate dès lors que la clause des “Etats ennemis” de la Charte des Nations-Unies (37) est toujours en vigueur, en dépit de l’adhésion fidèle de la RFA à l’OTAN! Cette clause frappe l’Allemagne, le Japon, la Finlande, la Hongrie, la Bulgarie, la Roumanie et l’Italie et frappait aussi, dans un premier temps, la Thaïlande, qui est le seul pays de la liste à avoir perdu le statut d’ “Etat ennemi” des Nations-Unies. Rien n’a été prévu pour que le Japon et les autres Etats de la liste, tous européens, notons-le bien, le perdent un jour définitivement. Prenons une carte muette de l’Europe et colorions l’espace occupé par les “Etats ennemis des Nations Unies”: par ce simple petit exercice d’écolier, nous constaterons quelle fraction importante du territoire de notre continent, dont son centre géographique de la Baltique à la Sicile, est privée de toute souveraineté réelle, vu l’article 107 de cette clause dite des “Etats ennemis”, que ne dénoncent jamais les médiacrates et leur valetaille qui se piquent de gauchisme ou d’anti-impérialisme!

Wimmer constate aussi que deux mille collaborateurs actifs de la CIA résident en Allemagne et que de nombreux anciens agents de la STASI ont été recrutés par les Américains. Le système d’espionnage Prism, révélé par Snowden, n’est pas plus surprenant que celui, découvert il y a une dizaine d’années, ECHELON, sauf que les féaux de la CDU, à commencer par Angela Merkel, sont aujourd’hui directement espionnés, même dans leur vie privée, et s’en offusquent. Wimmer en conclut dès lors que les Etats-Unis imposent, comme naguère l’URSS de Brejnev, un système de “souveraineté limitée” pour ses “alliés”. Notre souveraineté est donc limitée parce que nous n’avons pas cherché à mener une Realpolitik et parce que nos capacités industrielles et économiques indéniables n’ont pas été mises en oeuvre pour acquérir une maîtrise au moins partielle de l’espace circumterrestre afin de nous doter d’un système satellitaire adéquat, capable de rivaliser avec celui des Américains. Du coup, le système normatif, pour lequel nos dirigeants indignes ont opté en se drapant dans la toge du “bon démocrate” vole en éclats, précise Wimmer, car la liberté individuelle ou, plus exactement, le droit au secret des organes politiques européens et surtout de nos entreprises de haute technologie est désormais inexistant. Ces espaces politiques et industriels sont aujourd’hui totalement pénétrés et, de ce fait, pillés. Cela rend tout colbertisme européen impossible. Le normativisme, couplé à un libéralisme plus anglo-saxon qu’européen, créait l’illusion d’une liberté individuelle conforme en apparence à l’esprit de certaines Lumières mais générait simultanément un état de faiblesse catastrophique face à l’hegemon américain qui se déclarait officiellement incarnation de ce même esprit, tout en pratiquant une politique colbertiste, renforcée depuis Clinton, à l’aide de ses équipements satellitaires hyper-performants.

Par ailleurs, l’OMC, la Banque Mondiale, le GATT et le FMI ont été autant d’instruments pour affaiblir toutes les économies du monde, appelées à se dé-colbertiser, sauf celle de l’hegemon qui restait en coulisses parfaitement colbertiste. Pour l’activiste politique hispano-catalan Enrique Ravello (38), c’est l’Europe, marquée jadis par diverses formes de colbertisme, qui sera le principal dindon de la farce, la zone la plus défavorisée par les politiques préconisées par l’OMC depuis 1986-1993, parce que l’UE a accepté de démanteler ses défenses face aux politiques extra-européennes de dumping social et économique qui permettent de déverser sur nos marchés des marchandises produites selon des critères bien moins rigoureux que ceux appliqués aux entreprises de chez nous. La dynamique, lancée par l’OMC est donc double, précise Ravello: on crée simultanément un marché mondial et on appauvrit délibérément les économies européennes —celles, au fond, de l’ennemi principal de l’hegemon— en profitant de la vacuité intellectuelle et de l’indigence politique et idéologique des dirigeants actuels de l’Europe. Les économies européennes sont désormais ouvertes à tous vents. Le Traité de libre commerce entre les Etats-Unis et l’Europe, que l’on est en train de nous concocter, va encore accentuer cette double dynamique, dénoncée par Ravello. En effet, le texte du projet dit explicitement en des termes “bonistes”, comme d’habitude: “une association étroite et transatlantique est un instrument-clef pour favoriser une mondialisation basée sur nos valeurs communes, dans la perspective d’un ordre mondial équilibré sur les plans politique et économique; il renforce par ailleurs le processus d’intégration économique transatlantique par le biais de la création d’un Conseil Economique Transatlantique”.

Cette idée d’un “Conseil Economique Transatlantique” a reçu l’aval de Cameron, Merkel et Hollande qui, ipso facto, acceptent que soient abolies les restrictions européennes sur l’importation et la commercialisation de produits OGM, que soit pratiqué l’abaissement de tous les seuils protecteurs contre lesquels butent encore Google, Facebook ou Amazon, que les exportateurs américains obtiennent des dérogations face aux législations en matière d’écologie! La création de ce CET ne reçoit guère l’attention des médias. Pour nous, c’est clair: on cherche à nous l’imposer subrepticement, à l’escamoter à ce qui pourrait nous rester de sens critique. Ce traité de libre commerce entre l’UE et les Etats-Unis aura des conséquences catastrophiques sur la santé économique et la qualité de vie des classes moyennes et populaires en Europe, alors que celle-ci est déjà fortement battue en brèche. De plus, pour parachever l’horreur qui frappe à nos portes, le traité interdira tout monopole des services publics en matière de santé, privera l’Europe normativiste de son plus beau fleuron, la sécurité sociale la plus performante du monde et dont plusieurs catégories de la population usent et abusent en la rendant fort fragile en temps de crise.

La classe dirigeante européenne a donc trahi ses électeurs: il est temps, dès lors, et nous sommes ici pour cela, de changer de paradigmes politiques dans les domaines social, écologique et identitaire, déclare Ravello.

Quant au correspondant européen du journal italien Rinascita, Andrea Perrone (39), il rappelle, dans la foulée de ce projet de CET, que l’UE a raté une autre occasion: elle n’a pas réussi à créer une agence de rating européenne, laissant le terrain aux seules agences américaines Standard & Poor et Moody & Fitch, qui travaillent bien entendu pour le compte exclusif de leurs investisseurs américains, lesquels spéculent évidemment sur la faiblesse de leurs homologues européens potentiels.

Autre incongruité du machin qu’est devenue l’UE: les banques fragilisées pourront désormais être sauvées par les fonds du “Mécanisme de Stabilisation Européen” (MSE) et ces opérations resteront secrètes! Autrement dit, c’est le contribuable européen qui paiera pour les jeux risqués joués par les banquiers! Le culte fétichiste de la norme a donc conduit tout droit à l’usurocratie! N’a pas constitué le barrage nécessaire à l’usurpation du pouvoir réel par les banquiers et les spéculateurs! Et cela, en dépit des promesses qui avaient été faites solennellement, par les eurocrates, lors du Traité de Maastricht en 1993. Ce système secret risque de ruiner les assises industrielles de l’Italie, de la France et de l’Espagne et, au bout du compte, celles de l’Allemagne également qui perdra ses principaux débouchés en Europe occidentale. La crise n’a pas été évitée, comme on l’a prétendu, elle a été renforcée dans ses aspects négatifs pour la population, renforcée par des dispositifs qui vont perpétuer ses effets sur un plus long terme. Tout simplement. L’usurocratie en marche parie sur l’amnésie des masses flouées. Le problème reste en effet toujours structurel: la fragilisation du flanc sud de l’Europe oblige les Etats encore performants du Nord à pratiquer des transferts qui les fragilisent à leur tour et ne permettent plus autant d’investissements dans la défense, les secteurs de pointe, la Recherche & Développement dans le domaine des hautes technologies et de l’espace. En Finlande, je le rappelle, Nokia n’est déjà plus finlando-scandinave mais multinationale au sens voulu par les globalistes. Avec le CET, on pourra toujours acheter américain: le Plan Marshall de la fin des années 40 devient réalité (40); l’Europe étant redevenue un marché pénétrable, comme à l’époque de la défaite germano-italienne et de la ruine du reste du continent (41). Nous voilà donc revenus à la case départ!

La globalisation, c’est donc le maintien de l’Europe, et de l’Europe seule, en état de faiblesse structurelle permanente. Et cette faiblesse structurelle est due, à la base, à un déficit éthique entretenu, à un déficit politique et culturel. Il n’y a pas d’éthique collective, de politique viable ou de culture féconde sans ce que Machiavel et les anciens Romains, auxquels le Florentin se référait, appelaient des “vertus politiques”, le terme “vertu” n’ayant pas le sens stupidement moraliste qu’il a acquis, mais celui, latin, de “force agissante”, de “force intérieure agissante”, étymologiquement apparentée à d’autres termes comme “vis”, la force, ou “vir”, l’homme mûr justement animé par la force physique et morale qui sied à un “civis”, à un citoyen romain, à un “zoon politikon”.

Stuart Miller, un observateur américain, un anthropologue, qui était naguère venu nous observer comme on observe des lynx roux ou des phacochères dans la réserve tanzanienne du Serengeti, énumérait ces forces qu’il voyait encore agissantes chez ses interlocuteurs européens, des forces qui avaient fait l’excellence de l’Europe (42). D’abord, disait-il, avec un optimisme que je ne partage plus, les Européens ont encore des “visages”, des caractères; ils sont capables de discuter avec une certaine profondeur de politique ou de thématiques culturelles originales, qui, souvent, relèvent de notre propre inaliénable, alors que l’Américain, prélude de tous les hommes de demain pour les tenants de l’idéologie globaliste, est un être changeant au gré des influences extérieures, des modes et des productions médiatiques, qui croit qu’il peut devenir n’importe quoi en utilisant des techniques diverses. Stuart Miller ne se fait pas d’illusion, ce “caractère” européen est un résidu, de moins en moins consistant, de la mentalité “éristique” ou “agonale” de l’Européen, l’adjectif “éristique” étant dérivé du grec ancien “eristikos”, soit “celui qui aime la palestre”, qui est prompt au combat (intellectuel), à la “disputatio” philosophique, bref un esprit critique, figure dont Martha Nussbaum espère le retour, même aux Etats-Unis, même si ces attitudes éristiques écornent le consensus béat d’une Amérique abreuvée aux sources fétides de la médiacratie et font émerger des positions philosophiques empreintes de pessimisme et de cynisme (préludes à une action “katéchonique”, mue par la volonté et consciente de sa dimension tragique). Ce pessimisme et ce cynisme, prêtés aux vrais Européens, pourraient alors s’avérer vertus contestatrices, freiner les effets néfastes des “mauvaises politiques impolitiques” (Julien Freund) —bien ancrées dans les vilaines habitudes normativistes— amorcer un bouleversement complet.

L’arme principale qui est dirigée contre l’Europe est donc un “écran moralisateur, à sens unique, légal et moral, composé d’images positives, de valeurs dites occidentales et d’innocences soi-disant menacées, pour justifier des campagnes de violence politique illimitée”, déclare le non-conformiste australien John Pilger (43), en ajoutant que cet “écran moralisateur”, diffusé par les média du “mainstream”, est “si largement accepté qu’il est pratiquement inattaquable”. C’est donc lui, cet écran posé comme inattaquable, que ceux qui se dressent, en Europe et ailleurs, doivent attaquer, dans un travail inlassable et patient. Cet “écran moralisateur” est le joujou de ceux que Pilger nomme, dans son langage d’homme de gauche, les “progressistes réalistes”, terme sans doute malheureux car, dans notre propre logique, nous préférerions les nommer les “progressistes médiacratiques”, utilisant l’écran irréel de leurs propagandes inconsistantes pour imposer au monde des systèmes de fausse et de mauvaise gouvernance qui ne génèrent que le chaos, la misère ou l’enlisement, ce qui est évidemment le but recherché. Les “progressistes médiacratiques”, adversaires de toutes les vertus politiques de machiavélienne mémoire, “ôtent à l’humanité l’étude des nations” —c’est-à-dire nous empêchent de prendre objectivement en compte les facteurs réels et nationaux qui composent le pluriversum politique de la planète— “en la figeant avec un jargon qui sert les intérêts des puissances occidentales (GB + USA) et en posant certains Etats —mais ce pourrait être n’importe quel Etat du pluriversum— comme “voyous”, “maléfiques”, “en faillite” en vue d’interventions humanitaires” (44). Nous ne sommes plus au temps des Bush, père et fils, cibles privilégiées de l’anti-américanisme inopérant des gauches européennes. Nous sommes au temps d’Obama, le Prix Nobel de la Paix, le successeur auto-proclamé de Lincoln, le président souple et généreux selon les médias; pourtant, l’homme de gauche Pilger constate que cette présidence, présentée comme “molle”, a laissé la bride sur le cou au militarisme outrancier réactivé dans un premier temps par les Bush et leurs conseillers néo-conservateurs: en effet, le président “mou” a laissé intactes les structures du Pentagone, a laissé les fauteurs de guerre et d’échecs en place, ceux qui ont ruiné l’Irak, l’Afghanistan et la Libye. Pour John Pilger et Norman Pollack, un contestataire américain, Obama est “un réformateur raté, joyeusement à l’oeuvre, planifiant des assassinats et arborant en permanence le sourire”. Il supervise un réseau militaire mondial qui, avec ses drones, “écrasecomme des insectes” les villages ou les camps où s’aventurent quelques récalcitrants ou d’anciens “alliés” dont on se débarrasse, car ils ne sont plus utiles, tant ils sont devenus compromettants! Le seul succès d’Obama, et il est significatif, c’est d’avoir détruit le mouvement anti-guerre américain, réduit désormais à sa plus simple expression.

L’écran moralisateur et médiatique, que dénonce Pilger, repose évidemment sur l’idéologie des droits de l’homme, mais non pas sur les droits de l’homme en soi, la différence est de taille. Cette idéologie a été ressortie du placard au temps de Jimmy Carter, sous la présidence duquel un certain BHL, sur la place de Paris, a commencé sa carrière étonnante, justement en proposant une version française de cette idéologie (45), présentée comme le “Testament de Yahvé” himself. On en connaît les derniers avatars libyens et surtout les brillants résultats sur place, en Cyrénaïque et en Tripolitaine, pour ne pas parler de toute la zone sahélienne désormais plongée dans le chaos. L’idéologie des droits de l’homme a surtout contribué, écrit Fabrizio Fiorini (46) dans les colonnes du quotidien romain Rinascita, à figer le droit, à le présenter comme totalement immuable, cristallisé, idolâtré. Il est désormais “enchaîné par ces idéologèmes, véritables vieilles cariatides de stuc, typiques de l’ornementalisme de la fin du 19ème siècle, et a abouti à cet insupportable moralisme gauchiste, qui croit avoir recréé un Eden politique et moralisé définitivement les relations internationales”. C’est pourtant exactement le contraire qui s’est produit: si les Etats sont dépouillés de leurs prérogatives d’énoncer un droit taillé à la mesure des peuples qu’ils encadrent, le pouvoir réel, lui, est passé, clandestinement, aux mains d’instances supranationales, non étatiques, qui ignorent tout bonnement le droit, l’oublient. Le monde, déjà devenu a-politique, impolitique, devient aussi a-juridique, “injuridique”. Meilleure preuve: l’ONU, censée avoir “juridifié” le monde, n’est plus consultée par les Etats-Unis et leurs alliés du moment; pire: elle est brocardée, moquée, considérée comme une vieillerie inutile. Jusqu’à l’affaire syrienne de ces dernières semaines: pour éviter un engagement risqué face à la détermination russe —un engagement pourtant annoncé avec fracas et amorcé sur mer avec les porte-avions de l’US Navy en Méditerranée— on se retranche derrière une décision de l’ONU. Le bellicisme était allé trop loin: Obama avait pourtant déclaré, “nous agirons en Syrie comme nous avons agi au Kosovo”, mais le monde a changé, le monde a partiellement compris, sauf les Européens, que ce mode de fonctionnement, que cette manière de mettre le monde entier devant le fait accompli, ne pouvait perdurer. Mais attendons ce que l’avenir nous révélera: l’hegemon a plus d’un tour dans son sac.

Pour le politologue et sociologue français contemporain Loïc Wacquant: “Jamais auparavant la fausse pensée et la fausse science n’ont été aussi prolifiques et ubiquitaires que de nos jours”. Raison de plus, pour nous, de lutter contre fausse science et fausse pensée qui empêche l’avènement d’une pensée et d’une science vraies, du point de vue des “Bons Européens”. C’est là le but d’un combat métapolitique... Où nous pourrons dire, avec l’Irlandais Gearoid O’Colmain (47), que le principe “bellum se ipsum alet”, “la guerre se nourrit d’elle-même”, est désormais bien ancré dans les horreurs du rimland islamisé, au nom de l’idéologie des droits de l’homme —et je le répète non au nom des droits de l’homme en soi. La guerre s’auto-alimente aujourd’hui par les actions des agences privées de mercenariat, par les gangs de narco-trafiquants, par les groupes terroristes et par les mafias internationales liés directement ou indirectement aux Etats-Unis. C’est la fin de l’équilibre préconisé au 17ème siècle par Grotius: les réseaux kosovars ont entraîné leurs homologues syriens, les djihadistes libyens combattent aujourd’hui en Syrie, les gangs armés recyclent le butin de leurs pillages dans les circuits de la contrebande, des mercenaires au service de la Turquie ou du Qatar ont démantelé des usines entières en Syrie pour les transplanter ailleurs, etc. Demain, à coup sûr, les “progressistes” auto-proclamés d’Amérique et d’Europe achèteront directement leur pétrole à des bandes mafieuses, installées dans de nouveaux rouages étatiques, depuis l’effondrement des Etats arabes laïcs.

Je viens donc d’énumérer quelques fragilités auxquelles l’Europe est confrontée aujourd’hui, alors qu’elle est dans un état de faiblesse culturelle et structurelle inédit et très préoccupant. La liste des déboires européens pourrait être plus longue, plus exhaustive. Mais vous aurez compris, rien qu’avec les quelques exemples que j’ai donnés, que l’heure est grave pour notre “Maison Commune” européenne. Et que notre combat est plus urgent que jamais contre:

  1. l’abandon de nos valeurs, qu’il s’agit de conserver en nos fors intérieurs contre vents et marées médiatiques, car seuls ont un avenir les hommes et les femmes qui garderont une épine dorsale culturelle propre (non importée, non greffée);

  2. contre le discours dominant qui masque le réel et nous oblige, par conséquent, par esprit révolutionnaire, à dire ce réel et à dévoiler les véritables causes des événements tragiques qui secouent le monde que Francis Fukuyama nous annonçait comme “sortant de l’histoire”, il y a vingt ans.

Je pense que cette intervention, qui, j’en ai bien conscience, n’a fait qu’effleurer très superficiellement la situation dans laquelle nous nous trouvons, doit nous amener à travailler en séminaire, à intervalles réguliers, chacun des thèmes qui ont été abordés brièvement ici, lors de ce colloque. Exemples de thèmes à approfondir: l’oeuvre subversive de l’OSS dès les années 50 en Europe; le travail de ceux qui, comme Martha Nussbaum, veulent une nouvelle pédagogie d’esprit traditionnel; les valeurs de la période axiale de l’histoire selon Jaspers et Armstrong; les effets pervers d’une politique trop normativiste; les qualités intrinsèques des Européens selon Stuart Miller; les occasions ratées de promouvoir une politique satellitaire, avec ou sans la Russie; etc.

Ce sont là des tâches adéquates pour un nouveau mouvement métapolitique comme “Maison Commune”. Personnellement, quand on m’appelera pour ce type de travail, je répondrai “Présent!”. J’espère que ce sera aussi le cas pour vous tous. Je vous souhaite déjà “Bon travail!”.

Robert Steuckers.

(Forest-Flotzenberg, septembre 2013).

Notes:

  1. Enyo, Anatomie d’un désastre – L’Occident, l’islam et la guerre au XXI° siècle, Denoël, coll. “Impacts”, Paris, 2009.

  2. Pour Carl Schmitt, une idée impériale, une force génératrice d’empire et organisatrice d’un grand-espace (en l’occurrence le “grand espace” européen) doit être, à l’instar du catholicisme médiéval selon ce “Prussien catholique” de Rhénanie, capable de faire coïncider les oppositions, d’harmoniser les différences qui innervent ou structurent les sociétés qu’elle doit fédérer pour en faire un tout cohérent.

  3. Christopher Hill, Society and Puritanism in Pre-Revolutionary England, Panther Books, 1969; Christopher Hill, The World Turned Upside Down – Radical Ideas During the English Revolution, Penguin, Harmodsworth, 1975-76; Clifford Longley, Chosen people – The Big Idea that Shapes England and America, Hodder & Stoughton, London, 2002; Kevin Phillips, American Theocracy – The Peril and Politics of Radical Religion, Oil, and Borrowed Money in the 21st Century, Viking, New York, 2006.

  4. Robert Steuckers, “L’ironie contre la ‘political correctness’”, in: Nouvelles de Synergies Européennes, n°34, mai-juin 1998 (repris sur http://robertsteuckers.blogspot.com et sur http://vouloir.hautetfort.com, septembre 2013).

  5. Ralph Barton Perry, Puritanisme et démocratie, Robert Laffont, Paris, 1952.

  6. Robert Steuckers, “De l’étude des racines celtiques au projet politique pan-celtique de la République d’Irlande”, sur: http://robertsteuckers.blogspot.com (août 2013). Conférence prononcée en mars 2013.

  7. Robert Steuckers, “Définir le fondamentalisme islamique dans le monde arabe”, sur http://robertsteuckers.blogspot.com (à paraître en novembre 2013).

  8. Nikolaos van Dam, The Struggle for Power in Syria – Politics and Society under Asad and the Ba’th Party, I. B. Tauris, London, 1979-2011.

  9. Martin Riesebrodt, Fundamentalismus als patriarchalische Protestbewegung, J. C. B. Mohr, Tübingen, 1990; Martin E. Marty / R. Scott Appleby, Herausforderung Fundamentalismus – Radikale Christen, Moslems und Juden im Kampf gegen die Moderne, Campus, Frankfurt a. M., 1996; Hans G. Kippenberg, Gewalt als Gottesdienst – Religionskriege im Zeitalter der Globalisierung, C. H. Beck, München, 2008.

  10. Susan Jacoby, The Age of American Unreason – Dumbing Down and the Future of Democracy, Old Street Publishing, London, 2008.

  11. Pour cerner le phénomène de la délocalisation au sein du phénomène plus général de “globalisation”, lire: Alex MacGillivray, A Brief History of Globalization, Robinson, London, 2006; John Ralston Saul, The Collapse of Globalism and the Reinvention of the World, Atlantic Books, London, 2005; Gideon Rachman, Zero-Sum World – Politics, Power and Prosperity after the Crash, Atlantic Books, London, 2011.

  12. George Steiner & Cécile Ladjali, Eloge de la transmission – Le maître et l’élève, Pluriel, 2013 (1ère éd., 2003).

  13. Robert Steuckers, “Petites réflexions éparses sur l’Ecole de Francfort”, in: http://robertsteuckers.blogspot.com (octobre 2011). Cf. également, Rolf Kosiek, Die Frankfurter Schule und ihre zersetzenden Auswirkungen, Hohenrain, Tübingen, 2001; Jean-Marc Durand-Gasselin, L’Ecole de Francfort, Gallimard/Tel, Paris, 2012; Numéro spécial de la revue Esprit sur l’Ecole de Francfort, n°5, 1978.

  14. Karl Jaspers, Vom Ursprung und Ziel der Geschichte, Piper (SP 298), München, 1983 (la première édition de cet ouvrage date de 1949).

  15. F. M. Barnard, Herder’s Social and Political Thought, Oxford (Clarendon Press), 1965.

  16. Karen Armstrong, The Great Transformation – The World in the Time of Buddha, Socrates, Confucius and Jeremiah, Atlantic Books, London, 2006.

  17. Cf. Lawrence James, Raj – The Making of British India, Abacus, London, 1997-2003. Pour comprendre l’idéologie du renouveau indien, lire: Jean Vertemont, “Aux origines du nationalisme hindou: la pensée traditionaliste”, in: Antaios, 10, 1996, pp. 139-149.

  18. Robert Steuckers, “Sur la Chine”, in: http://robertsteuckers.blogspot.com (octobre 2011).

  19. Tim B. Müller (Humboldt-Universität, Berlin), Krieger und Gelehrte – Herbert Marcuse und die Denksysteme im Kalten Kriege, Hamburger Edition/HIS Verlag, 2010.

  20. Julien Freund, La fin de la Renaissance, PUF, Paris, 1980.

  21. Julien Freund, Politique et impolitique, Sirey, Paris, 1987.

  22. Martha Nussbaum, Niet voor de winst – Waarom de democratie de geesteswetenschappen nodig heeft, Ambo, Amsterdam, 2011.

  23. De Theodor W. Adorno: TWA, “Kulturkritik und Gesellschaft”, in: TWA, Gesellschaftstheorie undKulturkritik, Suhrkamp, SV772, Frankfurt am Main, 1975. De Max Horkheimer: MH, Traditionelle undkritische Theorie – Vier Aufsätze, Fischer, Frankfurt am Main, 1980; MH, Zur Kritik der instrumentellen Vernunft, Athenäum Fischer Taschenbuch Verlag, Frankfurt am Main, 1974. De Herbert Marcuse: HM, Pour une théorie critique de la société – Contre la force répressive, Denoël, Paris, 1971. De Jürgen Habermas: JH, “Kritische und konservative Aufgaben der Soziologie”, in: JH, Theorie und Praxis, Suhrkamp, st9, Frankfurt am Main, 1974 (3°éd.); Sur Habermas: Jozef Keulartz, De verkeerde wereld van Jürgen Habermas, Boom, Amsterdam, 1992; pour explorer les contradictions entre exposants de l’Ecole de Francfort: Peter Moritz, Kritik des Paradigmentwechsels – Mit Horkheimer gegen Habermas, zu Klampen, Lüneburg, 1992. Pour connaître les dimensions volontaristes (positives comme négatives) des exposants de la “nouvelle gauche” issue des théories de l’Ecole de Francfort: Bernd Guggenberger, Die Neubestimmung des subjektiven Faktors im Neomarxismus – Eine Analyse des voluntarischen Geschichtsverständnisses der Neuen Linken, Alber, Freiburg, 1973. Etude critique sur les implications politiques militantes de l’Ecole de Francfort: Bernd Guggenberger, Wohin treibt die Protesbewegung? Junge Rebellen zwischen Subkultur und Parteikommunismus – Ursachen und Folgen der Unfähigkeit zur Politik, Herder, Freiburg i. Breisgau, 1975. Pour une approche générale (relativement critique): Pierre V. Zima, L’école de Francfort, éd. Universitaires, Paris, 1974. Pour connaître les tenants et aboutissants de la “querelle allemande des sciences sociales”: cf. l’ouvrage collectif De Vienne à Francfort: la querelle allemande des sciences sociales, éd. Complexe, Bruxelles, 1979.

  24. Theodor W. Adorno, Studien zum autoritären Charakter, Suhrkamp, st107, Frankfurt am Main, 1973.

  25. L’expression est due au professeur américain David Graeber; voir les articles de présentation “David Graeber: Bullshit Jobs” et “Vers une société de ‘boulots à la con’”, tous deux sur http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2013/08/29 (29 août 2013).

  26. Olof Petersson, Die politischen Systeme Nordeuropas – Eine Einführung, Nomos Verlagsgesellschaft, Baden-Baden, 1989. Recension de ce livre: cf. Robert Steuckers, “Aux sources de la démocratie scandinave”, sur: http://robertsteuckers.blogspot.com (avril 2012).

  27. Dirk De Wachter, Borderline Times – Het einde van de normaliteit, Lannoo Campus, Tielt, 2012. Voir notre entretien avec Manuel Quesada sur: http://robertsteuckers.blogspot.com (juillet 2013).

  28. Manfred Spitzer, Digitale Demenz – Wie wir uns und unsere Kinder um den Verstand bringen, Droemer, München, 2012. Voir notre entretien avec Manuel Quesada sur: http://robertsteuckers.blogspot.com (juillet 2013).

  29. José Ortega y Gasset, España invertebrada – Bosquejo de algunos pensamientos históricos, Espasa-Calpe, Madrid, 1979 (5°éd.); Alejandro de Haro Honrubia, Elites y masas – Filosofía y política en la obra de José Ortega y Gasset, Biblioteca Nueva/Fundación José Ortega y Gasset, Madrid, 2008.

  30. Zaki Laïdi, La norme sans la force – L’énigme de la puissance européenne, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 2005. A lire également: Zaki Laïdi, Le monde selon Obama – la politique étrangère des Etats-Unis, Flammarion, coll. “Champs actuel”, n°1046, notamment le chapitre intitulé: “Les Etats-Unis ont-ils encore besoin de l’Europe?” (pp. 281 à 318).

  31. Cf. Helmut Schmidt, Die Mächte der Zukunft – Gewinner und Verlirer in der Welt von morgen, Siedler Verlag, München, 2004; Alexander Rahr, Der kalte Freund – Warum wir Russland brauchen: Die Insider-Analyse, Hanser, München, 2011.

  32. Pour comprendre quels sont les six paradigmes occidentaux en matières de relations internationales, dont les paradigmes kantiens, néo-kantiens et habermassiens cf. Gérard Dussouy, Les théories géopolitiques – Traité de relations internationales (1), L’Harmattan, Paris, 2006.

  33. Cf., entre autres titres, Robert Kagan, The Return of History and the End of Dreams, Atlantic Books, London, 2008.

  34. Ida Magli, La dittatura europea, BUR Futuropassato, Milano, 2010-2011 (3a ed.).

  35. Eduardo Arroyo, El fin de la Unión Europea, in: http://euro-synergies.hautetfort.com, 28 août 2013.

  36. Willy Wimmer, Les Etats-Unis et leurs alliés – La “souveraineté limitée” selon la doctrine Brejnev, in: http://www.horizons-et-debats.ch (août 2013).

  37. Dieter Blumentwitz, Feindstaatenklauseln – Die Friedensordnung der Sieger, Langen Müller, München, 1972.

  38. Enrique Ravello, El Tratado de libre commercio Estados Unidos – Unión Europea – Otro paso hacia la globalización, in: http://enricravello.blogspot.com ; repris sur http://euro-synergies.hautetfort.com , 20 juin 2013.

  39. Andrea Perrone, L’Ue resta alla mercé delle agenzie di rating americane, in: Rinascita,http://rinascita.eu , 3 mai 2013; repris sur http://euro-synergies.hautetfort.com , 8 mai 2013.

  40. Cf. Michel Bugnon-Mordant, L’Amérique totalitaire – Les Etats-Unis et la maîtrise du monde, Favre, Lausanne, 1997.

  41. Keith Lowe, Savage Continent – Europe in the Aftermath of World War II, Penguin, Harmondsworth, 2013.

  42. Stuart Miller, Understanding Europeans, John Muir Publications, Santa Fe, New Mexico, 1990.

  43. John Pilger, “De Hiroshima à la Syrie, le nom de l’ennemi dont Washington n’ose pas parler”, in: http://www.mondialisation.ca ; à lire également: John Pilger, The New Rulers of the World, Verso, London/New York, 2003.

  44. Noam Chomsky, Les états manqués, Editions 10/18, n°4163, Paris, 2008.

  45. Philippe Cohen, BHL – Une biographie, Fayard, Paris, 2005.

  46. Fabrizio Fiorini, L’Occidente allo sbando, l’Occidente ha paura, in: http://www.rinascita.eu , 11 septembre 2013. repris sur http://euro-synergies.hautetfort.com , 12 septembre 2013.

  47. Gearóid Ó’Colmáin, Stealing Syria’s Oil: The EU Al-Qaeda Oil Consortium, in: http://www.globalresearch.ca (2013).

 

 

 

 

 

mardi, 15 octobre 2013

Pourquoi les jeunes Européens sont souvent plus « fragiles » dans une société comme la nôtre et comment y remédier ?

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Pourquoi les jeunes Européens sont souvent plus « fragiles » dans une société comme la nôtre et comment y remédier ?

par Laurent Ozon

Ex: http://www.polemia.com

« Un jeune garçon élevé dans la fierté de son peuple et de sa lignée, par l’exemple des héros et l’histoire des souffrances et des grandeurs de son peuple, poursuivra par lui-même ce travail et l’enseignera à ses propres enfants. »

Pourquoi les jeunes Européens adoptent-ils des positions de soumission en environnement multiethnique ? Un sujet tabou, un sujet méconnu. Laurent Ozon tente une explication qu’il trouve d’abord dans une mauvaise construction identitaire (sexe, famille, peuple) et dans les abus d’une culture de la négociation et de la norme ; mais il montre aussi des causes sanitaires (les perturbateurs endocriniens) et biologiques (la néoténie européenne). Nos lecteurs trouveront ici un texte profond qui ouvre des pistes de recherche. Les pères et les mères de famille pourront aussi utilement en tirer des enseignements pratiques pour l’éducation de leurs garçons. Pour leur apprendre à relever la tête.

Polémia.


Il faudrait probablement un livre pour analyser la situation sociale des jeunes hommes européens et plus particulièrement la question de la fragilité d’une partie d’entre eux dans l’environnement violent de la société multiculturelle. Certes, il faut le rappeler, ce phénomène est encore minoritaire mais pourtant bien visible et suscite des réactions agacées, indignées mais, osons le dire, « impuissantes » ou incantatoires. (On pourra lire à ce sujet le dernier article de Julien Rochedy, président du FNJ, à ce sujet : http://www.bvoltaire.fr/julienrochedy/connaissez-babtou-fragile,35986).

Il n’est donc peut-être pas inutile de tenter d’analyser rapidement ce phénomène et d’y apporter des réponses. Un article plutôt inhabituel pour moi mais qui m’est dicté par l’impression de n’avoir rien lu de clair et de pratique sur ce sujet.

Une fragilité physique et mentale en environnement multiethnique

Tout d’abord, comment se manifeste cette fragilité ? Elle est à la fois physique mais aussi mentale (difficultés à faire face au conflit ou au recours à la force). Elle s’exprime justement dans les situations conflictuelles où l’affrontement physique avec des jeunes issus d’autres « populations » est imminent. « Adversaires » d’autant plus belliqueux que les jeunes hommes européens ne savent pas l’être assez. Au-delà des réactions de moquerie que ce comportement peut engendrer, elle est problématique pour l’idée qu’un jeune Européen se fera de lui-même (complexes et refoulements) et néfaste à sa construction, comme homme, puis, ultérieurement, comme père ou comme membre d’une communauté de destin. Il y aurait des livres à écrire pour analyser les impacts « idéologiques » de ces frustrations.

Peut-être n’est-il pas inutile de rappeler que cette fragilité est toute relative et se perçoit principalement en environnement multiethnique. En clair, du fait des causes de ce problème de « fragilité », nous verrons qu’il est perceptible surtout dans la confrontation relationnelle avec d’autres groupes de population et pas n’importe lesquels. Ce paramètre n’est pas, lui non plus, sans impact sur la façon quasi pathologique dont les questions d’immigration sont traitées dans l’espace social et politique lorsqu’il s’agit de certaines populations.

Pour faire simple, je pense qu’il existe quatre grands facteurs qui peuvent expliquer la « fragilité » de nombreux jeunes Européens et leur « vulnérabilité » dans les environnements multi-agressifs dans lesquels ils sont plongés :

1. Le premier facteur relève de mauvaises pratiques dans la construction identitaire de l’enfant ;

2. Le deuxième d’une influence trop incapacitante (castratrice même) des pratiques pédagogiques qui dévalorisent le conflit, la bagarre ou prétendent obliger l’enfant à s’en remettre toujours à quelqu’un d’autre (les institutions notamment) pour le protéger ;

3. Le troisième point relève d’un choix d’hygiène de vie (sport, alimentation et bonnes pratiques qui sont importantes à l’heure des pollutions agro-chimiques systématiques) ;

4. Et enfin, le dernier facteur est une qualité que les spécialistes nomment « néoténie » ou persistance juvénile, qui est liée à notre biologie. Elle présente de nombreux inconvénients dans un contexte social multiethnique et multiculturel, mais est, à tout prendre, une qualité dont nous pouvons nous féliciter et dont il faut compenser les effets par les trois catégories de solutions précédentes. Mais reprenons.

1. Une mauvaise construction identitaire

Première cause de fragilité : l’isolement. Même lorsqu’il ne pèse pas dans le cas d’un conflit entre deux individus, la crainte de devoir faire face au grand frère, aux copains, à la famille, etc. de son adversaire pèse dans le rapport de forces. Les jeunes Européens sont fréquemment isolés et l’isolement est la première des faiblesses. Les enfants privés de construction identitaire saine sont et resteront seuls. Isolés de tout groupe, famille, etc., quand survient le conflit, ils sont souvent en position de faiblesse face à de petits groupes soudés par toutes les formes d’appartenance (origine, famille, couleur de peau, cultures, religions, marques, etc.) et parfois par des groupes soudés par plusieurs de ces catégories simultanément (africains ET musulmans ET fans de RnB par exemple). Cet isolement est principalement lié à un déficit d’identité.

La construction identitaire d’un jeune garçon repose sur trois étapes principales. Ces trois étapes sont essentielles à sa formation.

Le sexe : Dans la construction de l’identité d’un enfant, le premier étage est se reconnaître comme garçon. Vous avez tous entendu ces phrases infantiles mais qui font partie de ce processus de construction : « Les filles, elles sont tartes » ou « Les garçons contre les filles ». Il faut respecter toutes les phases qui permettent à un jeune garçon de se reconnaître comme mâle dans un monde à deux catégories. Cette première phase est indispensable aux deux étapes suivantes. A rebours des théories du genre, permettez ses manifestations d’affirmations enfantines et renforcez-les si vous le jugez utile, sans tomber dans l’excès et l’obsession. Permettez-lui de bien marquer son appartenance de mâle en lui proposant des activités spécifiques, des devoirs spécifiques, des droits spécifiques (couleurs, rites, tâches, équipes, vocabulaire, etc.).

La famille : Le deuxième étage de la construction de son identité sera la famille. Là aussi, cultiver le respect de la famille et, de fait, de l’ascendance, par le respect des aînés et mémoire des ancêtres, sans idolâtrie, mais sérieusement (ne pas rire de tout) et lui apprendre à la respecter (sans avoir à se justifier : « c’est ainsi et pas autrement ») dans son comportement en famille comme dans la vie sociale à l’extérieur (défendre sa petite sœur bec et ongles face à une agression extérieure, ne jamais accepter les insultes sur sa famille ou sur lui-même, défendre son nom de famille, etc.). Lui apprendre dès 5 ans qu’il y a la famille et le monde autour, pas moins. C’est par cet étage de la construction identitaire familiale que l’enfant intègre des notions indispensables à sa formation : respect des anciens, valeur de l’expérience, communauté et filiation, solidarité et protection des siens envers et contre tout.

Si en complément, vous lui apprenez à partir de 9/10 ans à mieux comprendre comment fonctionnent les groupes, vous lui permettrez de mieux s’y adapter (le groupe se forme dans la construction de l’adversaire, le groupe est un espace de partage et de solidarité, le groupe a besoin de marqueurs visibles, le groupe a souvent un chef, etc.).

Le peuple : Enfin, le troisième étage de la construction de soi sera, plus tard, la reconnaissance de son identité de substance et de culture, en clair, son appartenance à un peuple. Cette partie de votre éducation le rendra fier d’être l’héritier de populations qui ont pris une part sans égale à la construction de la civilisation, de l’art, de la pensée, des sciences et de toutes les formes du génie humain. Si vous lui apprenez, il voudra, lui aussi, être un Européen, un Français, le défendre et surtout, plus important encore, l’incarner dans sa vie. Non pas dans la simple répétition ou le fétichisme de l’ancien mais dans l’innovation, la créativité, la maîtrise. Mais c’est là une autre histoire…

Cette dernière phase sera la plus longue et un jeune garçon élevé dans la fierté de son peuple et de sa lignée, par l’exemple des héros et l’histoire des souffrances et des grandeurs de son peuple, poursuivra par lui-même ce travail et l’enseignera à ses propres enfants.

C’est en respectant et en instruisant correctement ces trois phases de développement de l’identité du jeune garçon qu’une construction identitaire saine pourra s’effectuer.

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2. La culture de la négociation et de la norme

On apprend tôt aux enfants à « aller voir la maîtresse » lorsqu’ils sont victimes de coups ou d’agressions, pas assez à se défendre eux-mêmes ou, au minimum, à faire face à une situation de conflit. Pas intellectuellement, mais physiquement, avec leurs instincts. Le courage n’est pas une construction intellectuelle et ne se forge pas avec des mots mais avec l’expérience directe, physique, instinctive de la vie, des difficultés et de la souffrance physique. La culture des normes et de la résolution pacifique du conflit, voire du conflit comme « échec », est une tendance lourde et particulièrement pernicieuse dans nos sociétés, en particulier pour les instincts virils. Ce travail de formatage des institutions publiques, qui invite les enfants et les citoyens à s’en remettre à l’institution dans la gestion des conflits tout en sachant parfaitement que ces institutions ne remplissent pas ce rôle et ne le pourront jamais, est une catastrophe sur le plan éducatif et ses impacts sur la population autochtone particulièrement lourds. La prépondérance des valeurs maternelles qui doivent savoir progressivement se placer en retrait à partir de quatre ou cinq ans dans l’éducation du jeune garçon et le manque de présence des valeurs de pères viennent renforcer à chaque instant ces tendances.

La culture de l’honneur individuel et familial doit précéder la culture de la norme sociale de la collectivité politique. Les instincts de défense ne doivent pas être inhibés par un matraquage moral maternant ou par une culture de la légitimité supposée des corps de l’Etat dans l’exercice de la violence légitime. Et ce pour une raison simple : il n’assure pas correctement cette mission et ne l’assurera jamais. Le respect des règles deviendra plus tard un prétexte à son manque d’esprit de défense, d’initiative, de révolte. Loin de toute culture suprémaciste (« nous sommes les meilleurs ») aux effets accablants lorsqu’on ne domine pas un rapport de forces, apprenez-lui aussi à perdre et donnez-lui l’envie de recommencer et de gagner. Faites comprendre à votre garçon que ce qui est honteux ce n’est pas de perdre une bataille, un moment de conflit, mais de s’y dérober par lâcheté. Que perdre c’est parfois triste mais c’est honorable, en tout cas plus que de se soumettre. Revaloriser et soutenir son enfant, y compris dans ses manifestations d’agressivité (parfois inadéquates), c’est légitimer son agressivité naturelle et l’aider à gérer le conflit par ses propres moyens. Ne pas lui apprendre à chercher le soutien des adultes et de l’institution, qui dans l’immense majorité des cas ne le protégera pas lorsqu’il en aura besoin. Cet aspect de l’éducation des jeunes garçons est fondamental.

Quelques exemples pratiques ? Ne relevez pas un enfant en bas âge lorsqu’il tombe mais encouragez-le à se relever seul jusqu’à ce qu’il réussisse et félicitez-le lorsque c’est fait, par des mots ou un geste de tendresse. Ne grondez pas votre enfant s’il manifeste de l’agressivité ou de la violence raisonnable dans une relation avec d’autres enfants, n’intervenez que s’il y a un réel risque et de façon non morale mais disciplinaire. Apprenez, certes, à votre enfant l’existence des normes collectives mais sans jamais oublier de lui rappeler la première de toutes les normes : la survie et la capacité de se faire respecter et de se défendre. Valorisez cela à chaque fois que nécessaire.

La capacité d’un garçon à exprimer ses préférences, à exprimer son agressivité, à régler les conflits par lui-même, sans chercher un appui, est une condition indispensable à sa construction virile. L’en priver c’est l’exposer, l’affaiblir, le mettre en danger. Si vous espérez un jour pouvoir compter sur son aide et sa force, c’est donc vous mettre en danger, vous aussi.

3. Les causes sanitaires

Le changement de mode de vie des trois dernières générations en Europe, sur le plan alimentaire notamment, a profondément bouleversé les métabolismes pour des raisons en partie sanitaires (généralisation des perturbateurs endocriniens à corréler avec la baisse de fécondité et l’augmentation des cancers et malformations génitales masculines). Soyez attentifs à l’alimentation de vos enfants et à leurs contacts répétés avec les perturbateurs endocriniens contenus dans les aliments conditionnés en boîte, aux contacts avec toutes formes de plastiques et choisissez des vêtements adaptés, plutôt amples. Pour les bébés, proscrivez les jouets et tétines en plastique, privilégiez les cuillères en bois simple. Ne donnez pas de petits pots pour bébé mais des aliments que vous préparerez vous-même, si possible biologiques ou issus d’un potager non traité aux pesticides, herbicides et autres intrants chimiques toxiques. Certes, cette préparation demande du temps quotidien mais les conséquences sont autrement importantes… Je ne peux détailler sur cette question, il me faudrait un livre entier.

Les pratiques sportives sont aussi essentielles. Je n’évoquerai même pas la majorité des garçons qui n’ont presque aucune activité sportive (une catastrophe sanitaire) alors qu’ils passent 6 à 7 heures par jour assis sur une chaise en pleine période de développement, puis le reste de la journée devant la télévision ou l’ordinateur. N’espérez pas avoir des enfants sains avec ce régime de vie. Ils seront des cibles et, consciemment ou non, se retrancheront de la vie réelle pour fuir des rapports de force auxquels ils ne sont pas préparés. Pour vos garçons, privilégiez dès 6 ans des activités de contact (rugby, etc.) et, d’une façon générale, le contact direct avec la difficulté, la nature, le froid, le chaud, le piquant, aussi souvent que possible. Non dans une perspective de souffrance, et en songeant toujours que vous devez valoriser sans le plaindre ses échecs et ses bosses.

4. La néoténie européenne

La néoténie, ou juvénilité persistante des Européens, est un trait caractéristique qui n’empêche pas une maturation finale équivalente en virilité mais la diffère. Qu’est-ce que cela veut dire ? Simplement qu’aux mêmes âges, nous, Européens, sommes plus jeunes. Exemple : l’âge de la puberté est sensiblement plus précoce chez les Subsahariens que chez les Européens. Ceci affecte la croissance et la maturité musculaire. En clair, un Européen de 14 ans sera statistiquement moins avancé dans sa puberté (et donc sa taille, son développement musculaire, son agressivité, etc.) qu’un Subsaharien du même âge : un inconvénient, mais un avantage sur d’autres points. Si notre maturité est plus tardive, notre phase de maturation est plus longue…

La juvénilité est un inconvénient face à des brutes précoces physiquement mais elle constitue un avantage réel et en tout cas une réalité avec laquelle il faut compter lorsqu’il s’agit de vérifier les caractéristiques de l’adulte abouti et finalement formé.

Afin de compenser cette particularité (dont il existe, bien sûr, des exceptions), les activités viriles et les pratiques sanitaires adéquates, comme la construction identitaire correctement effectuée, suffisent largement. Ne vous étonnez pas de faire fréquemment ce constat. Les Européens sont plus jeunes, plus souples, plus ouverts et curieux et leur période de maturation est significativement plus longue que celles d’autres populations, en particulier des populations subsahariennes. Les populations arabo-berbères ont des caractéristiques proches des nôtres de ce point de vue, mais elles sont compensées chez elles par une construction identitaire plus traditionnelle (sexe, famille, peuple, cf. 1.)

Conclusion

J’ai cherché à aborder de façon simple et pédagogique les clés d’une réforme de nos pratiques éducatives (au sens large de ce mot) pour une adaptation de nos jeunes garçons aux contraintes de la société absurde et violente à laquelle ils seront confrontés. Chercher à les soustraire à cette société et à ses inévitables pathologies sociales caractéristiques des belles nations « arc-en-ciel » ne les préparait évidemment pas à tout contact « accidentel » que l’on sait inévitable dans les années à venir.

Les quatre points abordés sont les points clés. J’aurais pu aborder la question des représentations familiales du père, l’absurdité des comportements violents pour les introvertis intelligents, la division des tâches dans le couple et le fardeau d’une génération qui a dû reconstruire ses repères après la fracture (le gouffre) de la génération soixante-huit, la culpabilisation ethno-masochiste et ce qu’elle fabrique parfois en retenue physique et encore bien d’autres choses. Ce rapide exposé repose sur des études scientifiques, des travaux multiples de spécialistes et, en complément, sur mon expérience des hommes et des garçons comme père de famille. J’espère qu’elle sera utile et permettra de sortir de façon pratique des jérémiades impuissantes lorsque ces questions sont abordées. J’y reviendrai si le sujet intéresse.

Laurent Ozon
Président de Maison commune

8/10/2013
www.localisme.fr

Voir aussi du même auteur : Homophobie, islamophobie,… la psychiatrisation puis la criminalisation des normes populaires

mardi, 24 septembre 2013

Un futur pour l'Europe

événement,paris,robert steuckers,laurent ozon,jean-françois gautier

Un futur pour l'Europe

Réservations:

http://www.weezevent.com/un-futur-pour-leurope

samedi, 14 septembre 2013

Laurent Ozon et les Troupes d'Occupation Mentale. Réponse aux menteurs

Laurent Ozon et les Troupes d'Occupation Mentale.

Réponse aux menteurs

vendredi, 23 août 2013

L'affaire Snowden, un révélateur des lignes de force en Europe et dans le monde

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L'affaire Snowden, un révélateur des lignes de force en Europe et dans le monde

par Laurent OZON

Ex: http://www.newsring.fr

Edward Snowden, un ancien technicien de la NSA, a dévoilé en juin dernier l'existence du programme Prism, permettant aux renseignements américains d'espionner les communications en ligne. L'Union Européenne aurait notamment été visée par ces écoutes. Une affaire qui révèle de véritables lignes de force en Europe et dans le monde, selon notre contributeur.

Un homme, après bien d'autres, a révélé que l'Etat profond américain espionne (je ne vois pas de raison de mettre cette affirmation au passé) le monde entier. Cet Etat qui dépense à lui-seul plus de 50% des dépenses militaires de la planète est donc bien placé pour continuer à donner des leçons de morale et de paix à la planète entière, avec le culot qui le caractérise. Cette nouvelle crise n'en est une que parce que l'Allemagne a forcé les autres pays européens et l'UE à réagir à ce nouvel abus de la «puissance du bien».  

L'Allemagne, certes privée des attributs militaires du «hard power», exerce néanmoins partiellement sa puissance grâce à ce qui domine les relations internationales depuis 30/40 ans : l'économie. Son modèle économique (capitalisme rhénan) est la seule alternative au libéralisme financiarisé sous contrôle de la FED. Son retournement lent et progressif vers l'Est est le signe évident qu'il existe encore des élites conscientes en Allemagne car de fait, la puissance (et qui niera que l'Allemagne demeure une puissance?) est à elle seule un motif de s'opposer à la puissance. 

L'affaire Snowden, révélateur du manque d'autonomie des Européens

L'UE est travaillée par des volontés contradictoires. Les trois principales sont : 1-L'Allemagne qui dissimule son retour à la politique mondiale derrière la construction fédérale de l'UE. 2-La France, perdue à elle-même, qui ne sait plus quoi faire de cet outil politique, hormis s'aligner sur une volonté politique plus décisive que la sienne. 3-La sphère anglo-saxonne, liée indéfectiblement aux intérêts de l'Etat américain. Cette dernière cherche à faire capoter la puissance potentielle qu'est l'UE (la crise de l'euro est due à la FED et à la City) au profit, soit d'une Europe faible et divisée, dotée un «euro-croupion» (une monnaie-outil non adossée à une volonté politique), soit au profit de souverainismes-irrédentismes nationaux, parfaitement instrumentalisables et qui ne pèseront rien dans le jeu des puissances à venir s'ils sont divisés. 

Cette affaire Snowden révèle donc les véritables lignes de force dans le monde mais surtout en Europe. La France n'a jamais été plus atlantiste qu'aujourd'hui et les intérêts anglo-saxons sont en passe de finaliser le sabotage du projet européen (comme le général De Gaulle l'avait anticipé). Cette crise «Snowden» est un révélateur efficace du niveau d'autonomie des (im)puissances européennes à l'égard de l'Etat américain. L'Allemagne, contrairement aux affirmations péremptoires de certains «Mickeys souverainistes», a ainsi fait la démonstration qu'elle disposait encore d'une autonomie plus grande que celles des élites françaises. Une Allemagne qui est pourtant fédérale, tout comme la Suisse et la Russie ... Mais c'est une autre histoire.

lundi, 12 août 2013

Zone euro

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Laurent OZON:

Zone euro: En Europe, la gouvernance économique a surtout besoin d'une gouvernance politique

Ex: http://www.newsring.fr/

 

François Hollande a proposé l'instauration d'un gouvernement économique de la zone euro lors de la deuxième conférence de presse de son quinquennat, le 16 mai 2013. Pour Laurent Ozon, le problème de l'euro provient de notre incapacité à lui assigner une direction politique.

L'actuelle crise de l'euro est le résultat d'une opération d'instabilisation menée par le monde financier et le gouvernement profond US pour maintenir le statut du dollar comme monnaie de change internationale. Cet outil monétaire (le dollar) est ce qui permet aux USA de continuer à financer leur domination par une dette contractée sur le monde entier dans une unité de change qui n'a que la valeur du papier sur laquelle elle est imprimée. De fait, le problème de l'euro est celui de notre incapacité à lui assigner une direction politique et cette difficulté provient en premier lieu de la difficulté d'une organisation politique comme l'UE à définir les contours d'une volonté politique claire, tiraillée entre les volontés contradictoires de ses membres, les empiètements des multinationales, les tentatives répétées de sabotage des USA (via ses satellites) etc.

De fait, toute monnaie non adossée à une volonté politique est un outil problématique. Ceci est valable pour toutes les monnaies, qu'elles soient nationales ou européennes. La question fondamentale est donc bien de savoir où peut se constituer une volonté politique capable d'une direction économico-financière souveraine et conforme à ses intérêts. La seconde question qui découle immédiatement de la première est: quels seront ses moyens réels d'action (en matière monétaire et au delà) face à une hégémonie financiaro-militaire de plus en plus agressive.

La nation par son unité héritée de l'histoire, peut apparemment fournir un environnement de pouvoir mieux maîtrisé et donc un potentiel de volonté politique opérationnel plus simple à obtenir qu'une fédération d'États aux intérêts parfois contradictoires comme l'UE. En clair, la France, par exemple, peut imaginer se donner une monnaie et lier les conditions de sa politique monétaire à ses intérêts souverains. La question qui se posera secondairement sera: quel poids aura la France face à cette hégémonie, compte tenu de son niveau d'autonomie vivrière, énergétique, militaire, médiatico-culturelle, économique et financière ? Un poids faible à n'en pas douter. D'autant plus faible que le niveau d'intégration de la France dans l'économie mondiale ne repose pas seulement sur sa monnaie mais sur un dispositif d'imbrication beaucoup plus vaste et infiniment plus profond que ne le croient ceux qui rêvent d'un destin politique retrouvé, l'œil dans le rétroviseur. C'est un partisan du protectionnisme et de la relocalisation qui l'affirme, dans l'état actuel des choses, il faudra des efforts immenses et du temps à une France isolée des grands systèmes monétaires et des sphères d'influence correspondantes, pour pouvoir résister aux pressions du système financier et militaire de la première puissance mondiale, pour ne pas évoquer les autres.

Confrontée probablement dans les vingts années à venir à une crise civile grave, dépendante de ses importations, sans autonomie industrielle (pièces, technologies, etc.) et sans puissance militaire de premier ordre ni ressources capables d'impacter les rapports de forces géopolitiques mondiaux, la France ne profitera de sa liberté monétaire que bien peu de temps. Celui de s'enfoncer dans la guerre et la ruine, sort qu'elle ne pourra in fine conjurer qu'en passant sous contrôle total d'une puissance dont elle pensait s'affranchir.

De fait, je le pense, la France n'a pas les moyens de faire cavalier-seul. Adossée aux centaines de millions d'européens tournée vers la Russie, elle pourrait se donner dans l'UE, les moyens d'une politique monétaire conforme aux intérêts de son économie. Car ce qui peut être fait en France peut être fait en Europe, certes dans un premier temps plus difficilement, mais à la condition préalable d'une vigoureuse refondation des institutions communautaires qui permettrait à une Europe débarrassée du Royaume-Uni et autres satellites US, de retrouver les moyens de son retour à l'histoire dans un monde multipolaire et de défendre ses choix avec plus de poids que celui d'un pays en pré-guerre civile ne disposant pas des moyens de puissance pour maîtriser, isolé, les conséquences de ses coups de mentons monétaires.

En bref, évoquer la question de la sortie de l'euro sans évoquer celui des rapports de forces internationaux et des implications vitales induites relève au mieux de l'amateurisme politique. De ce point de vue, un gouvernement économique de la zone euro pourrait être une solution, si il n'associait pas les habituels porte-avions américains au sein de l'UE et si la France et l'Allemagne s'engageaient à ajouter une dorsale russe à l'axe Carolingien... 

C'est en tous cas le moment, à quelques mois des élections européennes d'ouvrir sérieusement le débat non ?

samedi, 06 juillet 2013

Laurent Ozon: les années décisives

Les années décisives - Laurent Ozon

00:04 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : laurent ozon, écologie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 05 juillet 2013

Les enjeux écologiques et énergétiques par Laurent Ozon

Les enjeux écologiques et énergétiques par Laurent Ozon

00:05 Publié dans Ecologie, Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : laurent ozon, écologie, énergie, entretien | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 30 mars 2013

Colloque "Maison Commune"

samedi, 05 mai 2012

Laurent Ozon: "Nous sommes occupés!"

Laurent Ozon:

"Nous sommes occupés!"

dimanche, 15 avril 2012

Laurent Ozon sur Tariq Ramadan et Alain Finkelkraut

 

Laurent Ozon sur Tariq Ramadan et Alain Finkelkraut